Bien sûr, cela ne concerne pas toutes les cartes et pas partout dans le monde.
Au lancement de la génération GeForce RTX 3000 « Ampere », en septembre 2020, rares étaient ceux qui imaginaient déjà ce que le monde de l’informatique allait connaître : une pénurie sans précédent de cartes graphiques qui a concerné toutes les gammes au point que des modèles auparavant vendus à peine 150 euros pouvaient aisément atteindre deux fois ce tarif et trouver preneur avant même d’être réellement livrés aux boutiques. Quelques observateurs avaient toutefois fait remarquer, dès le début de l’été 2020, que la demande en GPU allait largement déborder une offre en pleine transition générationnelle.
En septembre 2020, nous ne parlons que des GeForce RTX 3000. NVIDIA est très fier de sa réussite et annonce des prix particulièrement intéressants pour ses Founders Edition avec, par exemple, une RTX 3080 facturée 719 euros alors qu’elle offre performances très largement supérieures à celles de la GeForce RTX 2080 Ti dont le coût avoisinait les 1 400 euros à son lancement moins de deux ans auparavant. De nombreux utilisateurs sont séduits par les annonces de NVIDIA. De nombreux cryptomineurs aussi alors que les monnaies comme l’Ethereum atteignent des sommets. Enfin, pour ne rien arranger, la crise du Covid-19 a bouleversé les chaînes d’approvisionnement désorientant une industrie qui n’avait clairement pas besoin de ça.
La suite, vous la connaissez forcément et la génération GeForce RTX 3000 a parfois été baptisée « génération sacrifiée » tant les disponibilités ont été compliquées. La production a pourtant été nettement augmentée, mais la demande des cryptomineurs est considérable et les utilisateurs habituels veulent tous leur « Ampere »… Enfin, au début. Très vite, la raréfaction des cartes fait s’envoler le prix des rares modèles disponibles : sitôt disponible, sitôt vendue alors que les MSRP publiés par NVIDIA et ses partenaires ne veulent plus rien dire. Des RTX 3080 dépassent les 1 000 euros, puis les 1 200 et même les 1 500 euros. Sur des sites comme eBay, on trouve régulièrement des annonces à plus de 2 000 euros… qui semblent trouver preneurs.
Née en 2020, la situation s’est prolongée sur l’ensemble de l’année 2021 avec, toutefois, quelques rares signes d’essoufflement dès le mois de décembre. Les cours des cryptomonnaies ont atteint un sommet et, en l’espace de quelques semaines, ils se sont effondrés avec des monnaies perdant parfois 50% de leur valeur maximale. Forcément, les rigs – ces machines montées pour miner de l’Ethereum par exemple – n’étaient plus du tout rentables et pour nombre de mineurs, la seule solution était la vente rapide et à prix cassés des cartes graphiques composant lesdits rigs.
En quelques semaines, au début de l’année 2022, on observe une inversion de tendance. Bien sûr, cela ne touche pas tous les pays du monde en même temps et l’Amérique du Nord ou l’Europe devront patienter avant d’assister à ce retournement de situation, mais dans les pays ou le crytpominage avait pignon sur rue, on assiste à des ventes massives de cartes graphiques pour « pas cher ». Ce n’est cependant qu’une première étape. En effet, il y a quelques semaines, NVIDIA a présenté la GeForce RTX 4090, premier modèle de la future génération « Ada Lovelace ».
Là encore, les performances sont renversantes et si le tarif très élevé de la carte la réserve à des amateurs très fortunés, les rares exemplaires s’écoulent très rapidement. NVIDIA est critiqué pour ne pas avoir produit assez de RTX 4090, mais il ne faut pas oublier qu’une telle carte n’est pas pensée pour une distribution à très grande échelle. Ce rôle sera davantage dévolu à la RTX 4080 16 Go qui devrait débarquer dans quelques jours et, plus encore, aux futurs RTX 4060 et RTX 4070 qui ne sont pour l’heure que des suppositions.
Reste que face à cette arrivée attendue des nouvelles GeForce et aux futures Radeon RX 7000 qu’AMD doit dévoiler incessamment sous peu, il est difficile de trouver preneur pour une GeForce RTX 3000, en particulier dans les pays submergés par les ventes de rigs de cyrptomonnaies. Ainsi, Tom’s Hardware relaie une information qui en fera sourire plus d’un : au Vietnam, un certain Lê Thành s’amuse de la situation que connaît le pays avec un sur-stockage de RTX 3000. Dans une espèce de copie des étals de nourriture, on peut voir en photos un motard venir s’acheter quelques cartes. Le vendeur soupèse un ensemble de RTX, les place dans un petit sac et les tend à l’acheteur qui a donc acheté du GPU « au kilo ».
Si les photos tiennent donc davantage de la parodie que de la situation réelle, il est toutefois certain que le marché de la carte graphique est « agité dans l’autre sens ». Le montage rigs de cryptominage a entraîné un bouleversement du marché avec un assèchement des approvisionnements. Aujourd’hui, il réalisé la même chose « dans l’autre sens » alors que le démantèlement des mêmes rigs tourne aussi un peu au ridicule. En espérant donc que le marché de la carte graphique parvienne enfin à retrouver un semblant de sérénité avec les générations à venir chez AMD et NVIDIA.
